mardi 27 mai 2014

Etape 6 - CHASSERADES/MIRANDOL - LE PONT DE MONTVERT

Après avoir correctement rangé le sac puis confirmé la réservation à l’Auberge des Cévennes au  PONT DE MONTVERT/ 873 m, il ne m’a fallu qu’un bon sursaut et un peu d’énergie pour m’extraire du sac de couchage et vite descendre préparer le petit déjeuner. Je suis seul dans la salle à manger.Il fait encore nuit mais la journée s’annonce magnifique Pour le soleil ce sera plus tard !

Il n’est pas encore 7 heures… Je suis déjà en chemin pour LE BLEYMARD / 1069 m. Dans un premier temps, le chemin traverse quelques champs et prairies entre deux rangées de fils barbelés, avant de suivre la voie ferrée jusqu'au hameau de L’ESTAMPE et enfin prendre une direction sud-ouest vers des collines boisées.Derrière moi et un peu plus bas, deux randonneurs semblent marcher dans la même direction.Je décide de presser le pas, manière de tenir la cadence et de se motiver pour cette étape qui s’annonce longue. Je ne les reverrai plus… Le sentier monte rapidement mais moi aussi ! Je croise une route avant de la retrouver plus loin un peu à proximité d' un col à la cote 1413 m. Une longue descente dans les bois sur une piste forestière me conduit jusqu'au hameau en ruines de SERREMEJAN. Le ciel est clair avec une belle lumière et la fraîcheur matinale rend la marche particulièrement agréable Un peu plus tard, à proximité des sources du LOT, j’aperçois le cavalier, avec lequel j’ai marché le jour précédent, et ses deux chevaux. Arrêté sur le sentier, il téléphone… Il me parait de meilleure humeur et nous reprenons nos échanges de la veille ! Evidemment nous discutons tout en marchant et en oubliant un peu le balisage… Après quelques détours nous rejoignons LES ALPIERS / 1186 m, magnifique village isolé dans son silence et dans la beauté de sa situation… Il faut imaginer un très large et vaste paysage de collines boisées avec de grands espaces de prairies bordées de genêts en fleurs. Un peu plus loin et au-dessous nichés dans le creux d’un vallon, c’est LE BLEYMARD avec ses toits gris brillant au soleil. Enfin, tout au fond mais en même temps si proche, une silhouette bleutée, majestueuse et stricte dans son dépouillement… LE MONT LOZÈRE / 1699 m. Je devrais en gravir les pentes et atteindre LA CIME DE FINIELS dans l’après midi. J'ai bien récupéré et la vue de ce beau massif me stimule particulièrement d'autant plus que jusqu'à présent , le temps de marche est très correct…Alors en avant !



Je rejoins rapidement LE BLEYMARD avec le projet de faire quelques achats dans la Supérette située à l’entrée du bourg… Pourquoi pas du saumon fumé , quelques biscuits et une boisson ?

Alors que j’arrive devant le rayon traiteur / fromage et m’apprête à faire mes emplettes un jeune paysan ( ? ), gilet noir et béret bien « vissé » sur la tête, car ici souffle le vent… forcément, m’interpelle. Il semble passablement irrité :
- "Ici en LOZERE on n’est pas à PARIS ni dans le métro… ici on prend son temps". Pourtant je n'avais pas l'impression de le gêner

La situation est plutôt bizarre et largement imprévue pour le Rhône-Alpin que je suis !

Modestine, l’ânesse qui accompagna R.L.STEVENSON dans son voyage, et qui n’est jamais très loin, me fait un rapide clin d’œil en agitant vigoureusement une oreille :

- "Partons… nous n’avons rien à faire ici…" me dit-elle

Je la regarde de nouveau… Elle me confirme son intention et devant sa détermination je dépose toutes les courses dans un coin du rayon des produits frais

- "Je vous laisse tout… faites-en un meilleur usage"

Les mains vides, je sors du magasin… Je déjeunerai un peu plus tard et surtout un peu plus haut, loin d’ici. Surprenant et bizarre ! J’espère que Modestine n’aura pas laissé d’autres traces et souvenirs que sa mauvaise humeur… Il faut s’attendre à tout et parfois au pire de la part d’un âne surtout quand il porte un béret. J’en ai désormais la preuve.

Le chemin en direction du MONT LOZERE est une longue montée dans la forêt. Rapidement, les hêtres et autres feuillus font place aux sapins puis à la lande et aux bruyères sur les croupes dénudées ou s’entrechoquent différentes influences climatiques. La trace est jalonnée de pierres taillées et dressées. On les appelle Montjoies et elles guident le voyageur égaré ou surpris par le brouillard et les intempéries. Même si aujourd’hui le temps est clair et les conditions climatiques agréables pour traverser la montagne, ces blocs de granit rassurent par leur présence et attestent du passage des hommes en ces lieux depuis fort longtemps. Aujourd’hui, dans leurs traces, je parcours ce magnifique itinéraire.




J’aborde la descente vers LE PONT DE MONTVERT avec prudence. Une descente est toujours délicate, surtout en fin de journée. Le chemin est étroit, pierreux et les nombreux kilomètres déjà parcourus commencent à laisser quelques traces dans les jambes !

Pour autant, je n’en oublie pas la beauté des champs de jonquilles, ni les jeux de lumière des rayons du soleil et des nuages poussés par le vent, sur les landes couvertes de genêts . Je suis en vue du hameau de FINIELS. Il me reste à terminer cette belle étape en poursuivant l’itinéraire sur un bon chemin, dans le vallon en direction du PONT DE MONTVERT sur les bords du TARN. C’est long mais plaisant avec le passage près de vieilles fermes faites de lourdes pierres, au milieu des blocs de granit et des genêts... toujours, mais je ne m’en lasse pas.




Voila, je suis arrivé à destination, vite sous la douche. C’est bientôt l’heure du repas. Pas de nouvelles de Bernard. Pris de doute sur la fiabilité et le bon fonctionnement de mon smartphone, je sors la batterie, puis la carte SIM pour la nettoyer et la repositionner correctement…

- "Pas de bêtise ni de mauvaise manœuvre. Ne démontez pas tout. A priori cela ne devrait pas être votre téléphone… ici rien ne marche. Nous n’avons aucun réseau" m’explique un des responsable de l’hôtel.

Que fait l’ARCEP… Le 22 à ASNIERES ne répond toujours pas ?
Encore une longue mais magnifique étape dans des paysages désertés par les hommes. Il reste quelques vieux hameaux toujours habités mais nombre de maisons sont désormais fermées.Aux alentours, les genêts envahissent les champs.Ce soir, je dors dans une ancienne auberge ou R.L.STEVENSON aurait passé la nuit durant son périple. La chambre est petite, la porte et les boiseries d'époque.Ce type d’hébergement  me fait immédiatement penser à certains vieux refuges ou gîtes rencontrés sur la Via Alpina...Même austérité,  mais également même fragilité pour ce qui reste le témoignage de temps désormais révolus. Combien reste t-il avant la disparition et l'oubli ? Je sors faire quelques pas. Tout est silence. Le vent du soir s'est levé et je frissonne face à la nuit qui vient estomper puis effacer le paysage. Ce soir est un peu triste...Certainement la fatigue

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