mardi 27 mai 2014

Etape 10 - PONT DE BURGEN - SAINT JEAN DU GARD

Une journée bien particulière commence. C’est en effet la dernière étape… Et nous devrions arriver à SAINT JEAN DU GARD dans l’après midi. Déjà ! Pourtant le voyage ne fait que commencer, les vastes horizons du VELAY sont justes derrière nous comme l’odeur entêtante des genêts en pleine floraison sur les pentes du Mont LOZERE….
Et Kéfir ? Il va nous manquer bien sur ! Car dès demain il retournera aux prés en HAUTE LOIRE chez Carole, sa propriétaire.
Une dernière fois, Bernard et moi allons bâter Kéfir sans oublier de lui offrir quelques croûtons de pain qu’il dévore comme une gourmandise. Sur la trace, nous essaierons de lui trouver quelques beaux pissenlits et des tiges de framboisiers… autres douceurs pour lesquelles il se sera maintes fois arrêté en cours d’étape. Autre bonne nouvelle, ce soir il ne cconnaîtra pas le sort de Modestine, l’âne de R.L.Stevenson, vendue lors de l’arrivée à SAINT JEAN DU GARD ! Je dois toutefois confirmer notre arrivée à Marcel, un des responsables de RANDO ANE. C’est lui qui viendra nous chercher au gîte dès demain matin et assurera le retour de la petite équipe vers MONASTIER SUR GAZEILLE.
A regret, nous quittons le petit groupe hébergé au gîte du PONT DE BURGEN. La soirée a été très sympathique et particulièrement détendue dans cette ancienne ferme cévenole située au cœur d’un petit hameau. Nous souhaitons bonne chance à notre nouvel ami Canadien. Son curieux mais finalement astucieux parcours en sens inverse devrait lui permettre de multiplier les rencontres et les échanges avec de nombreux randonneurs, le soir en fin d’étape. Côté météo, pas de miracle annoncé… Il fait très frais, le ciel est gris et de lourds nuages laissent prévoir de prochains orages.
Les premiers kilomètres sont effectués sur la route avant de rejoindre SAINT ETIENNE VALLEE FRANCAISE. La traversée de ce vieux bourg particulièrement austère et désert en ce début de matinée évoque quelques souvenirs Alpins et la mémoire de Marc Théodore BOURRIT qui fut avec H.B.DE SAUSSURE à l’origine de l’ascension du MONT-BLANC. En effet, sa famille avait fui l’endroit au cours du 18°siècle. Dessinateur, écrivain, admirateur du massif et particulièrement de son point culminant, il en fera la description et présentera les aspects essentiels dont « les glacières », dans de nombreux ouvrages, aujourd’hui particulièrement recherchés !
A défaut de neige, il se met à pleuvoir dès la sortie de la bourgade. Abrité sous un vieux platane, je confirme notre réservation pour le gîte de SAINT JEAN DU GARD et j’essaie à nouveau de joindre Marcel… Il sera bien au rendez vous demain matin !
Bernard et Kéfir en ont profité pour prendre un peu d’avance et c’est seul et sous la pluie que j’entreprends la raide montée vers le COL DE SAINT PIERRE / 596 m. Je m’équipe rapidement car la pluie redouble et un violent orage se déchaîne et gronde sur ces crêtes boisées. Depuis quelques pénibles et finalement dangereuses expériences sur La VIA ALPINA lors de tels épisodes orageux, je n’aime ni marcher sur des crêtes exposées ni sous le couvert des arbres… Le sentier pierreux devient vite glissant et se transforme en ruisseau. Sale temps également pour les chaussures qui auront particulièrement souffert tout au long des jours !



Forçant l’allure, je rejoins Bernard un peu plus haut, au débouché du sentier sur la piste forestière qui conduit vers le col. L’âne est recouvert d’une large bâche et, face aux éléments déchainés, tout ce petit monde parait à la dérive. Nous continuons sur la piste avant de rejoindre la route peu avant le col. Finalement la pluie cesse, l’orage s’éloigne et c’est sous un chaud mais fugitif soleil que nous arrivons au COL DE SAINT PIERRE avec de larges écharpes de brume accrochées aux collines boisées. Ce n’est pas tout à fait comme cela que j’imaginais la dernière étape, au cœur de forêts de châtaigniers, de pins puis de garrigues méditerranéennes. Tout cela mériterait davantage de soleil et de chaleur.
Bernard prend le temps d’un solide casse la croute. Je préfère entreprendre la descente vers SAINT JEAN et attendre un peu plus loin car l’orage menace à nouveau. A mon avis, les gros nuages noirs n’ont pas dit leur dernier mot…
J’emprunte un raide sentier qui serpente dans les bois en direction de L’AFFENADOU, non loin d’un groupe de maisons au lieu dit LE PRAT. La traversée du pittoresque hameau de PIED DE COTE marquera pour moi la fin de cette belle randonnée. J’imagine volontiers R.L. STEVENSON traversant ce même petit village alors habité…A l’animation de la ruelle pavée, à la curiosité des habitants d’alors et aux moqueries des enfants succède désormais le silence car il n’y a plus personne…que des herbes folles au pied des vieilles bâtisses, des volets et de lourdes portes cochères fermés pour toujours.
Pour terminer, le paysage s’ouvre sur la vallée, bientôt atteinte. C’est sur la route et les bords du GARDON que nous terminons le périple. Les premières maisons de SAINT JEAN DU GARD apparaissent bientôt. Des mûriers rappellent l’élevage des vers à soie et les filatures qui faisaient vivre toute une région, sans oublier les palmiers devant quelques belles demeures.
Le gite est atteint par une traversée du GARDON sur un petit pont immergé. Ici pas de balustrade ou de main courante mais un pont qui se fait discret pour ne pas gêner l’écoulement des eaux de la rivière lors des fortes pluies d’automne. Les berges en portent la trace… Pas de végétation mais des roches blanchies et des rives creusées par les crues successives.
Enfin le gite ! Kéfir marque son arrivée et son impatience par une dernière et nouvelle roulade malgré le bat et les sacoches. Finalement il rejoindre le pré et nous la chambre…Une bonne douche, un peu de repos et nous voila autour de la table d’hôtes pour déguster un excellent aligot, autre spécialité régionale, accompagné de saucisses grillées. Coup d’œil à la fenêtre pour apercevoir Kéfir également en plein repas. C’est donc sans remord et bien volontiers que nous présentons l’assiette pour une nouvelle portion…Nous penserons au retour plus tard. Ce soir, les deux bourriques sont toujours sur Le Chemin de STEVENSON…

Etape 9 - FLORAC – SAINT GERMAIN DE GALBERTE / PONT DE BURGEN


Il a plu toute la journée d’hier et il a continué de pleuvoir cette nuit… La priorité du jour sera donc de s’équiper «tout temps» avec veste et pantalon de pluie sans oublier la protection du sac à dos car la veille je n’ai pas été suffisamment attentif. Le contenu était mouillé par endroits et en totalité humide ! L’autre priorité sera d’essayer de retrouver et si possible rejoindre Bernard et Kéfir qui ont dû passer la nuit au gîte de CASSAGNAS, un peu plus loin sur l’itinéraire.

Dès le départ, stoïque et quelque peu habitué à ce mauvais temps, je retrouve la pluie et le vent oubliés hier sur la trace… ils ne se reposent et n’arrêtent donc jamais ! L’itinéraire parcourt le fond de la vallée empruntant sur une longue portion l’ancien tracé de la voie ferré…


Il y a même un tunnel et une ancienne gare équipée d’un impressionnant mais superbe réservoir d’eau qui servait à faire le plein de la locomotive, vapeur oblige! Je suis arrivé à CASSAGNAS. De nombreux randonneurs sont encore attablés dans le gîte, terminant leur petit déjeuner et scrutant le ciel dans l’attente d’une improbable éclaircie. J’aperçois Bernard abrité sous un arbre et se battant avec une bâche humide afin d’en couvrir l’âne et essayer de protéger les sacoches de l’averse ! A l’évidence pas simple.






Je l’aide à terminer l’harnachement puis nous reprenons l’itinéraire sous la pluie et dans la brume qui masquent quelque peu le paysage. C’est vraiment regrettable de parcourir ainsi ces belles forêts et de ne pas apercevoir le paysage… Même les genêts courbent la tête ! Situés un peu en contrebas de la piste forestière, je m’approche d’un menhir et d’une tombe néolithique voisine surplombant un paysage largement ouvert et dégagé. Cet emplacement manifestement choisi pour sa situation, me rappelle d’autres mais semblables lieux emblématiques vus et approchés dans les Dolomites où se situe la tombe de l’Homme de MONDEVAL et dans le Tyrol du sud, à proximité du Col de SIMILAUN, au HAUSLABJOCH, où a été trouvée la momie d’OETZI. Autant de traces et témoignages de l’interrogation de l’homme sur la vie et sa quête d’un Dieu… poursuivant l’ancien chemin de crête solidement aménagé, je croise un couple de randonneurs au Col de La Pierre Plantée / 891 m où est érigé un autre menhir. Puis c’est la descente vers SAINT GERMAIN DE GALBERTE au sein de forêts de châtaigniers. Je rejoins Bernard qui s’efforce de marcher au rythme de l’âne tout en évitant de trop nombreuses haltes… Court mais sympathique arrêt chez le boulanger du village pour compléter les provisions, faute de possibilités d’hébergement dans le village. Tout est complet et nous devons poursuivre jusqu’au gîte au PONT DE BURGEN 5/6 km plus à l’aval dans la vallée. Il nous restera le souvenir d’un bourg typique des Hautes Cévennes construit sur plusieurs terrasses, ici appelées bancels, aménagées sur un des raides versants de la vallée et qui témoigne de l’histoire des hommes dans une région qui parait parfois bien déserte du fait d’un important exode rural ! La fin de l’étape se poursuit sur des pistes forestières où l’on aperçoit et souvent admire de nombreuses propriétés, désormais résidences secondaires, bien restaurées ou aménagées. Après un petit détour sur la route, l’arrivée vers le gîte s’effectue en remontant la rive droite du Gardon avant de traverser pour une dernière montée vers un petit hameau où nous allons faire étape ce soir ! Exceptionnellement absent ce soir, les propriétaires ont confié les clefs à Robert, un des rares habitants du hameau… Accueil très sympathique et convivial mais sous la pluie !

Ce soir, pas de repas préparé… alors nous puisons dans les dernières et maigres réserves du sac, les récents achats à SAINT GERMAIN et les excellents fromages blancs achetés par Bernard dans une ferme voisine. Nous faisons connaissance avec un groupe de randonneurs autour de la cheminée et de quelques bouteilles de vin. Un Canadien venu du Québec et qui suit le Chemin de STEVENSON, mais dans l’autre sens…, nous confirme tout le plaisir qu’il prend à voyager en France et rencontrer les Français « uniques » à ses yeux ».De quoi redonner un peu le moral… Ambiance agréable et chaleureuse pour un dernier soir dans les pas de Modestine. Demain, arrivée à SAINT JEAN DU GARD et il devrait pleuvoir ! Je passe un coup de téléphone à RANDO-ANE qui nous a confié KEFIR. MARCEL, père de GAELLE qui est la propriétaire viendra nous chercher. Nous réservons nos places dans le Gîte Le pré de Modestine / Moulin de Cambonéral, situé à l’entrée de SAINT JEAN sur la rive droite du GARDON.


Etape 8 - MIVAJOLS - FLORAC


Ce matin, les quelques mètres à parcourir pour prendre le petit déjeuner à la table des propriétaires, l’ont été sous une pluie fine mais tenace. La nature en avait bien besoin parait-il ! Le hameau a des couleurs beaucoup plus austères et la lumière dorée du soir sur les maisons a laissé la place à un gris triste et maussade. Martine, une randonneuse également hébergée dans le gîte s’apprête au départ malgré les intempéries.

Je n’ai toujours pas de nouvelles de Bernard et de Kéfir, ils doivent être également en route. Peut-être n’ont-ils pas quitté PONT DE MONTVERT ?
Pour mieux appréhender la situation, une seule solution… rejoindre LE COL DU SAPET /1114 m. Ce passage est sur le GR 70 et me permettra de toute façon d’atteindre FLORAC dans la journée. Cela ne m’enchante guère car, outre la pluie, souffle un vent froid. Là haut sur les crêtes et dans la brume les conditions ne doivent pas être meilleures. Correctement protégé par un équipement "tout temps" et un sur-sac en principe étanche, je quitte le gite pour prendre la direction du col sur un large chemin forestier parcouru par des rigoles creusées par la pluie. J’ai froid…

Arrivé au col, tout en essayant de me protéger de la pluie sous un sapin. J’arrive à entrer en contact avec Bernard. Mauvaise nouvelle ! Dans la brume, il est arrivé au COL DE LA PLANETTE complètement mouillé et transis. Il m’annonce renoncer à poursuivre jusqu’à FLORAC , préférant rejoindre directement CASSAGNAS, l’étape suivante. Je n’ai pas d’autre choix que de continuer seul jusqu’à FLORAC. L’étape s’avère longue et monotone sur une piste forestière, tracée largement autour de LA MONTAGNE DE LEMPEZOU , et rejoignant la vallée du TARN à BEDOUES. J’arrive à destination largement mouillé avec quelques difficultés à me réchauffer… Courte visite à l’office de tourisme pour la recherche d’un hébergement. Une chambre est disponible au Grand Hôtel, 55 €uro avec le petit déjeuner. Contrairement aux informations, le petit déjeuner me sera facturé en plus. Au final je paierai près de 64 euros… Pas clair et ambigu !
Après réflexion, et vu l’addition des diverses prestations à FLORAC, la bonne solution est réellement de rejoindre directement CASSAGNAS depuis le COL DE LA PLANETTE, en suivant le balisage du GR 72. On peut également rejoindre CASSAGNAS depuis le Gîte de MIJAVOLS… Jamais très loin et toujours de bon conseil, Modestine me confirme ce choix bien dans l’esprit du Chemin de STEVENSON !

Etape 7 - LE PONT DE MONTVERT - MIVAJOLS



Ce matin, dès le réveil, nouvelle bouteille à la mer à l’attention de Bernard dont je n’ai toujours pas de nouvelles. A défaut de connexion et de réseau dans le bourg, le messages et autres SMS devraient circuler dés que les premières pentes auront été franchies…

Je ne souhaite pas attendre au PONT DE MONTVERT. Il me parait plus judicieux de rejoindre le gîte de hameau de MIJAVOLS / 925 m situé sur les pentes sud du SIGNAL DE BOUGES / 1421 m et de le rejoindre ou l’attendre, dès demain, au COL DU SAPET / 1114 m situé sur le GR 70 en direction de FLORAC. Je lui laisse plusieurs messages dans ce sens… on ne sait jamais !

Après le petit déjeuner et quelques bonnes tartines, je fais un tour dans le bourg installé sur les deux rives du TARN. Le ciel est très clair mais les nuage devraient arriver dans l’après midi. La pluie devrait durablement s’installer pour la soirée et les prochains jours. La traversée des CEVENNES sur le Chemin de STEVENSON devrait donc se poursuivre et se terminer sous la pluie et dans la boue !

Retour à l’hôtel pour rejoindre l’itinéraire qui démarre juste en face, de l’autre coté de la ruelle. Après une première et raide montée sur un sentier pavé ou taillé dans le granit, et magnifié par les genêts en pleine floraison, la trace rejoint puis traverse LE CHAMP DE L’ERPET, vaste espace de landes couvertes de genêts dorés… je ne m’en lasse pas !



Après ce moment de respiration et au terme d’une descente dans les bois, le sentier rejoint la route du PONT DE MONTVERT au creux d’un vallon. Reprise de la montée sur une piste bétonnée en direction du COL DE LA PLANETTE / 1292 m. Parti relativement tard et peu pressé par l’horaire, je m’autorise une pause déjeuner à proximité d’une vieille ferme et d’une cabane forestière. Le soleil est bien présent dans le ciel et l’air est doux… tout pour réussir une petite sieste !



Retour sur le GR pour rejoindre le col et le chemin de crête qui conduit au SIGNAL DU BOUGES / 1421 m. De gros nuages confirment leur présence en masquant le soleil et sa lumière, immédiatement suivis par un vent froid. Il n’est plus temps de flâner ou de trainer sur ces crêtes austères et tristes, simplement couvertes de bruyères et exposées aux intempéries.



Peu après, en dessous de la cime, je quitte le balisage du GR 70 pour rejoindre le Gîte de MIJAVOLS par un chemin agricole bordé de genêts… Personne dans l’ancienne ferme transformée en gîte par les propriétaires, Martine et Fabien CHAPTAL. Personne mais des instructions claires et complètes pour se reposer, se doucher et s’installer dans cette vieille maison de pierres avec son four intérieur, sa cheminée et son vieux placard mural.
Le repas du soir est pris à 8 heures chez les propriétaires, dans la salle à manger familiale… Il faut préciser que Martine s’occupe également des travaux de la ferme et qu’il n’y a pas de temps à perdre. Aujourd’hui, il faut aller rechercher les brebis dans les pentes et ce soir préparer le repas. Par exemple un rôti de porc avec des girolles sans oublier le saucisson préparé à la ferme, posé en évidence sur la table juste à coté du couteau et d’un beau morceau de pain !



MIJAVOLS hameau exemplaire mais déserté. Ici, on reçoit et on partage ce que chacun apporte… Merci Martine!